vendredi 16 octobre 2009

Le Théâtre « Rosa Parks » de Dieudonné – redécouverte du théâtre premier, hymne à l’espèce


Le Théâtre « Rosa Parks » de Dieudonné est né dans un conflit intense.

« Rosa Parks » c'est le nom de cette jeune femme noire qui refusa de céder sa place à un passager blanc dans un bus.

« Dieudonné » c'est le nom d'un Maître Bouffon francophone qui exprime les conflits de son époque à travers des personnages : il lui est vivement recommandé de bouffonner au-dessous de son époque... par des personnages bien réels !

Le Maître Bouffon ne tremble pas, il n'a pas à tomber au-dessous de lui-même.

Traditionnellement ils sont toujours nombreux ceux qui ne tremblent pas et refusent de tomber au-dessous d'eux-mêmes quand le problème de la liberté est une fois de plus à l'ordre du jour.

Nul ne peut se dérober à cette réalité typiquement humaine de l'âme : la liberté pratique n'y est pas cette liberté dont le sens appartient en soi au domaine de la transcendance ; c'est l'unique valeur qu'aucune puissance au monde ne saurait dérober à nos tréfonds.

Ceux qui se condamnent eux-mêmes en s'acharnant sur Dieudonné se condamnent aussi à une continuité traditionnelle de la culture, la condamnant à devenir habitude, paresse, la condamnant à devenir commode et sans pensées pour

- un arrêt donc un recul de la culture,
- pour une infantilisation de la société donc sans action sur la vie,
- donc pour un recul de la vie.

Ceux qui injectent la vie ne sont pas {les illusionnistes offrant les illusions} d'ismes ou d'Etats, ce sont les Rosa Parks et les bouffons ... tels qu'ils existent depuis le début.

Le Théâtre « Rosa Parks » de Dieudonné

La nuit tombe sur la gare qui s'illumine, le car bien garé en plein centre ville s'ouvre à son public.

Douze rangées de cinq : soixante personnes sont confortablement installées dans de larges fauteuils de car de transport, soixante personnes entourées d'une lourde feutrine noire, regardant un rideau rouge orné de deux marguerites, musique « easy listening », soixante personnes sont coupées du monde... au coin d'un feu.

La représentation est annoncée, la lumière baisse progressivement, apparait l'artiste.

L'automatiquement nazi Mbala Mbala explique pourquoi cet autocar, explique pourquoi il n'y aura pas de jeu de jambes : on ne voit en effet l'artiste qu'en buste, un buste devant lequel sera allumé un feu pour voir son visage s'entretenir avec vous, la nuit.

Voir les mots accompagnés des gestes correspondants : c'est la redécouverte totale du théâtre premier, celui autour du feu de la tribu première.

Outre que ce que j'ai vu ce soir là en tant que réalisation artistique n'est vraisemblablement pas possible pour n'importe quel artiste c'est une réalisation qui ouvre une porte sur un extrêmement précieux : annulation de l'espace, annulation du temps, plus qu'un spectacle, c'est une expérience pour le spectateur.

Pendant une heure chacun vit dans l'intimité de son psychisme l'expérience de notre espèce : le théâtre tel qu'il exista depuis le début.


C'est le théâtre de notre espèce, dont chaque individu est membre, théâtre dans lequel les imbéciles ne comprennent pas ce qui les compose eux-mêmes et font depuis toujours « l'opinion publique » avec leurs désirs payés par nous en catastrophes calamiteuses, alors que - je suis désolé - mais notre espèce est faite pour l'amour, pas pour les imbéciles.

Depuis le début... cela se voit très bien dans l'absolu unité autour du feu.

Le Théâtre « Rosa Parks » de Dieudonné ?

Une redécouverte du théâtre premier, un hymne à l'espèce, une expérience... qui, pour tous, ne peut se vivre qu'individuellement et c'est d'ailleurs bien ainsi qu'il faut traiter chaque individu : comme tel.



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