Le gigantesque édifice mental que constitue le monde occidental est un royaume artificiel qui a envahi le monde naturel. Si cet édifice était en paix avec lui-même et avec le monde, ce serait un événement dont nous aurions été avertis en premier chef.
S’il y a une chose dont nous sommes « avertis » en revanche ce sont « les perversions » de l’artiste le plus inadapté de France : le très abominable, le très monstrueux, le très infréquentable Dieudonné Mbala Mbala.
Situation d’exception ? C’est à voir…
Dieudonné aurait pu choisir un autre type de création, fait de blagues de routines, de talent traditionnel, d’insuffisances traditionnelles, de conflits traditionnels… mais l’absolu est dynamique, le génie ne se prévoit pas : ces deux éléments sont au-dessus du bien honorable travail de l’artiste commun, au-delà de toute contrainte de régulation par des personnalités médiocres.
Le génie d’un artiste n’est pas une personne, mais place bel et bien l’artiste dans une situation d’exception : il ne peut être jugé qu’à partir de et sur son art, pas sur sa personne.
La « normalité » est un but pour l’être moyen qui aime les lois collectives cramponné à des angoisses et des buts qui ne sont guère fameux tandis que la contrainte de la norme est ennuyeuse, est l’enfer, pour les autres, quand elle ne les mène pas – par ses insuffisances – directement à la mort.
Le travail de l’humoriste militant Dieudonné est dénoncé comme s’il était un phénomène dominant, comme s’il était, effectivement et littéralement le représentant de la branche humoristique d’Al Qaida.
Il y a erreur : l’humanité est composé de millions de voix dans une longue nuit éclairée par la lucarne télévisuelle et le génie prend racine dans l’âme de l’humanité.
Quels individus prétendent ramener l’humanité à eux seuls ? Qui se fait le tribunal et les assises s’incarnant depuis son domaine personnel juge du génie ?
L’œuvre de Dieudonné concerne tous nos contemporains et comme bien d’autres avant lui on dresse devant lui des raisons particulières : la terre est plate - comme chacun sait - et certaines compensations conviennent à certains et pas aux autres…
Est-il possible que les sketch de Dieudonné aient un effet qui puisse se traduire par un préjudice humanitaire alors que de toute évidence le rire est salutaire et que des groupes représentatifs et multiples de milliers de spectateurs agissent à rire, existent à rire des imperfections et de la partialité des penseurs et des esprits mis les plus en lumière dans la petite lucarne ?
Est-il possible que la liberté d’expression soit une chose négative ? Oui, vous répondrons les adversaires de la liberté d’hier et d’aujourd’hui mais alors, pour le jaloux bénéfice de qui et de quoi ? N’ont ils pas d’intelligence pour l’adaptation à la vie de l’humanité, pour l’universalisme, ou préfèrent ils la barbarie fanatique d’une partialité de dix mille ans ?
Marcher devant, c’est s’exposer aux coups, et, dans le cas de Dieudonné, ce ne sont pas les coups du destin, ce sont les coups du maître.
Le maître sait ce qu’est le génie : le génie est d’offrir une apaisante explication sur le maître, un maître prospérant sur les erreurs du passé résultants de sa légendaire infaillibilité … dans le mensonge.