dimanche 27 septembre 2009

Dieudonné contre les barbares dans SANDRINE


Il est incroyable que dans un monde si riche en Dieux et en racines la femme soit encore bien souvent aujourd'hui « une ombre en dessous de l'homme », obligée par lui à vivre dans un semi-enfer de sottises et de méchancetés, de misères et de violences qui parfois deviennent crimes.

Lorsque j'ai appris que le thème de Sandrine, dernier spectacle de Dieudonné, était les violences conjugales quelque chose en moi s'est inquiété : la condition homme femme - bien plus que tout autre sujet - peut provoquer d'irréparables scissions…

Sandrine c'est le grand retour du couple du divorce de Patrick, dont l'histoire si bien commencé - avec son cortège de projections victorieuses et de joies sensuelles partagées - s'était terminé par la mort du bonheur des sentiments devenus astreintes et contraintes insupportables.

Après la séparation Patrick Boulard passe en jugement pour violences envers Sandrine Boulard.

Nous voici dans un tribunal où les dialogues entre les personnages se déroulent dans un champ de force obscure, un tribunal où les personnages évoquent (le plus souvent en inconscients !) toutes sortes d'impasses rencontrées, un tribunal où les personnages sont autant d'expressions de puissances supérieures avec lesquelles il faut s'expliquer.

Mais le théâtre, c'est le théâtre, Dieudonné fait éprouver au prévenu Patrick Boulard le devoir sacré de se libérer lui-même, de préserver ses droits à son individualité … et ne nous laisse que l'envie de le voir enfermé !

L'introduction à Sandrine sur fond de « toute la pluie tombe sur moi » avec un Dieudonné plaidant qu'il est à la recherche d'un emploi puisqu'il n'a plus de points sur son permis de faire rire, était déjà - puisque Dieudonné parle de son métier - l'introduction à une psychologie des comportements et à ces « drames » que vivent les tricheurs…

Le tribunal avec sa galerie de magistrats angoissants, les membres non moins angoissants du Mouvement contre l'Impérialisme Féminin, le vécu de Patrick et Sandrine autant d'éléments dont l'artiste se sert pour nous rappeler que « ce n'est pas l'homme qui va au théâtre, c'est l'homme qui est le théâtre des choses. »…

Pour finir Patrick pousse la chansonnette du fond de sa prison laissant place à un Dieudonné sur scène : la scène, cet espace infini, son espace de liberté, liberté dont nous ne devons pas oublier qu'elle est aussi notre possibilité.

Avec la voix de Med Hondo, l'unique doubleur noir en langue française de toute une génération, Dieudonné se lance dans l'éducation de son gamin de 15 ans sur le sujet des relations entre deux êtres, sans cachotteries mais sans priver quiconque du bénéfice de la pudeur.

Dieudonné prend l'accent toulousain, vous connaissez la suite, vous ne l'entendrez pas chez Drucker.

Rien à voir avec l'humour pesé des amuseurs autorisés, aux rites primitifs, qui participent à l'écartement entre progrès technique et progrès psychologiques et moraux : Dieudonné a sa vie propre … et ne nous laisse que l'envie de le voir libéré !