dimanche 28 décembre 2008

De Faurisson au Code Noir, du détournement du conventionnel vers la délivrance : Dieudonné.



Faurisson, un homme tombé dans ce qu’il y a de plus obscur dans l’âme, un homme dont une idée non naturelle s’est emparé, et qui dit idée non naturelle dit malédiction. Faurisson, un personnage digne de Faust et de sa damnation, un personnage dont on pourrait franchement être ennuyé d’être le parent, dont on éprouve le besoin élémentaire de se séparer comme du fantôme d’un funeste disparu … Dieudonné vient de l’embaumer dans le mausolée de son prochain DVD, qui sera glissé chez vous d’ici peu tel un cadavre de Lénine sous la lourde armoire du salon.

C’est cadeau.

C’est aussi la destinée de Dieudonné.

Ce n’est pas la première fois que la force créatrice de Dieudonné puise dans les figures mythologiques, use de matériaux monstrueux et de paradoxes angoissants, de choses que l’on cache à l’homme où dont l’homme se cache.

Certains oublieront bien volontiers que la biographie personnelle d’un artiste est secondaire pour l’essence de l’art. L’artiste plonge dans les secrets de l’âme de son époque, prête forme à ce que chacun s’interdit en conscience : l’artiste est au dessous de son œuvre, Dieudonné en fait suffisamment le geste sifflé sur scène, dessinant de ses bras quelque chose au plus haut niveau, au-dessus de lui-même.

Il n’existe d’ailleurs pas d’interview de Dieudonné où celui-ci livre l’interprétation de son œuvre : il nous l’abandonne et va vers son avenir d’homme collectif, c’est là son office : « Etre multiple ».

Ce n’est pas Dieudonné qui décide qu’il est un artiste : c’est son public qui n’a que faire de l’humour infructueux, sans dynamisme, sous contrainte morale, insupportable d’ennui et stérile dont on nous abreuve quotidiennement par convention.

Se sauver des conventions est une urgence, c’est pourquoi il existait autrefois des bouffons…certaines choses ne pouvant être exprimées que par le démoniaque ou le divin d’un esprit agissant autrement.
Lourd fardeau que celui du bouffon, selon ses capacités.

Le primitif le jugera possédé soit par le démon, soit par Dieu selon ses conflits intérieurs.

Dieudonné porte un lourd fardeau, dangereux pour l’homme personnel Dieudonné d’où jaillissent des créations impersonnelles sur les convictions, les méthodes collectives, les voies auxquelles l’époque nous accroche.

Et pourtant sans Dieudonné l’humour aujourd’hui en France tomberait dans le dépouillement le plus absolu.

Par code.
"Je ne suis pas d'accord avec toutes ses thèses, explique-t-il au JDD. Il nie par exemple la traite des esclaves organisée depuis l'île de Gorée, au large de Dakar. Mais pour moi, c'est la liberté d'expression qui compte." Et de résumer sa prestation à "une performance humoristique, de l'art contemporain".